En Occident, la santé se définit souvent par l'absence de maladie : selon le type et l'intensité des symptômes, on est en « bonne santé » ou « malade ». Cette perspective binaire réduit la santé à une opposition simple, où l’on est « ou » n’est pas en bonne santé.
La vision taoïste, au contraire, voit la santé comme un état fluctuant, influencé par notre environnement intérieur et extérieur, qui s'améliore ou se dégrade selon les situations.
Cette nuance initiale a des répercussions importantes. Percevoir la maladie comme un « mauvais état » pousse à y voir un « mal » à combattre ou un objet « cassé » à réparer. La guérison devient alors une victoire sur la maladie.
À l’inverse, considérer la santé comme un état continu transforme la guérison en un chemin progressif, marqué de hauts et de bas. L’important est l’amélioration globale, ce qui fait de la guérison un voyage vers soi-même, accessible même sans être malade (j’en parlerai plus loin).
La perception des symptômes diffère aussi radicalement. En Occident, ils sont des ennemis à éliminer, tandis que pour les taoïstes, ce sont des messagers qui signalent un déséquilibre à corriger.
En visant à faire taire ces « messagers », la médecine occidentale cherche souvent à remplacer les processus corporels (par la chirurgie ou les médicaments).
Pour la tradition taoïste, cette approche ignore la racine du problème. En supprimant le symptôme sans résoudre le déséquilibre, ce dernier risque de s'aggraver et de générer des signaux plus intenses, pour attirer l’attention.
Un exemple extrême est celui des anti-douleurs, recommandés pour jouer au tennis malgré une blessure.
L’approche orientale s’oppose à cette méthode : elle fait confiance à l'intelligence naturelle du corps, qui a acquis sa capacité à s’autoréparer au cours de 3,5 milliards d’années d'évolution, tant qu'il bénéficie des bonnes conditions.
Deux stratégies de soins en découlent : d’abord, agir sur l’environnement (diététique, réduction du stress, etc.) pour alléger la pression sur le corps ; ensuite, soutenir ses capacités d’autoréparation (massage, acupuncture…). Dans cette optique, on soigne la personne plutôt que la maladie. Le corps guérit de l’intérieur.
Les rôles du patient et du soignant diffèrent également. Ici, le patient – dont le nom révèle l’attitude passive attendue – remet sa santé entre les mains du médecin, qui donne des ordres et rédige des ordonnances pour la guérison. La vision taoïste, elle, valorise la responsabilité personnelle : le soignant est un guide, un accompagnant qui aide la personne dans son propre chemin vers la santé.
L’aspect le plus captivant de l'approche orientale est peut-être le sens qu’elle confère à la maladie. Pour les taoïstes, notre âme s’incarne pour vivre pleinement : habiter un corps sain, cultiver un esprit paisible et un cœur ouvert. La maladie devient un appel à surmonter nos blessures émotionnelles pour avancer vers une vie plus riche.
Heureusement, les taoïstes ont également développé de nombreuses pratiques (méditation, chi gong, etc.) pour progresser vers la joie et l’épanouissement, sans forcément passer par la maladie.
Le Chi Nei Tsang en est une : elle aide à rencontrer ces blocages et blessures qui nous coupent d’une part de nous-mêmes et nous accompagne pour les écouter et les transformer.
Note : Écrire un livre sur ce sujet serait possible (si vous avez des références, n'hésitez pas à les partager en commentaire). Cet article est volontairement simplifié, avec pour seule ambition de donner un aperçu des grandes différences entre ces deux approches de la santé.
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